Category:DOMINICAIN (ship, 1956)

Français : « Dominicain » est un ancien lamparo, c’est-à-dire un canot porte-feu à trois lampes appelées aussi lamporos. Bateau auxiliaire d’une barque catalane, il servait pour la pêche de nuit à la sardine et à l’anchois en utilisant la lumière artificielle qui attirait le poisson. « Dominicain » a été lancé en 1956. Il a servi à la pêche au lamparo jusqu’ en 1970 puis à la petite pêche de 1971 à 2004. Ce canot porte-feu mesure 5,50 mètres de long et 1,80 mètre au maitre bau. Il est équipé d'un moteur Volvo de 13 CV, diesel bi-cylindre. « Dominicain » a été donné par son propriétaire à l’association Patrimoine Maritime Colliourenc (PMC). Cette association conserve « Dominicain » avec le plus grand soin car il est le dernier des lamparos de Collioure. Le port d’attache de « Dominicain » est Collioure. Ce canot est immatriculé PV 314986. « Dominicain » sert, maintenant, à montrer ce qu’était un lamporo (mais les lampes ont été démontées). Il est aussi utilisé pour des sorties en mer.

Ci-dessous, on peut lire des explications de Monsieur Bernard Banyuls, Président de PMC, concernant « Dominicain »: « Pour le Dominicain, la dénomination « lamparo » est la plus adéquate c’est le canot qui porte le « lamparo » (feu qui sert à attirer le poisson dans un filet qui entoure le banc de poisson et dont on ferme le fond pour servir de nasse. Ces feux ont été successivement à acétylène, à vapeur d’essence, puis à gaz, maintenant à énergie électrique. Certains « lamparos » comme le DOMINICAIN ont porté jusqu’à trois feux cote à cote. Quand la pêche au lamparo était à son apogée à Collioure, on a compté jusqu’à quarante lamparos sur la plage avec quarante barques qui partaient à la pêche la nuit; la baie était éclairée par ces 40 feux qui partaient à la queue leu leu vers les lieux de pêche au large. Toute la nuit, on les voyait du bord et on appelait cela, le « Boulevard du large ».

Au matin toute la flotte revenait au soleil levant; faisant la course pour être les premiers pour vendre le poisson (anchois et sardine) au meilleur prix aux saleurs et poissonniers qui les attendaient sur la plage… Cela se passait, il y a cinquante ans à peine!

Sur le « lamparo », un marin expérimenté s’occupait du feu et surveillait la mer et détectait les bancs de poissons à l’odeur d’huile et à la tache d’huile qui surmontait les bancs de poissons. Quand il y avait assez de poissons (attirés par la lumière) pour pouvoir remplir le filet (50 mètres de diamètre quand même…) il donnait l’ordre à la barque d’entourer le banc avec le filet (ceci avec le moins de bruit et de remous possibles) et de resserrer le fond. On remontait le filet à la main (il fallait au moins cinq hommes) et on le stockait sur le pont de la barque sans le démailler. Il pouvait se faire deux pêches dans la nuit. Le poisson était démaillé pendant le retour au port. J’ai vu des barques dont le pont était au ras de l’eau, tant le pont était rempli de poisson, menaçant de couler (mais quand la pêche était trop abondante, les prix baissaient et c’était moins bon que les petites pêches), mais cela n’arrivait pas souvent.…

L’arrivée des chalutiers « pieds noirs » a tué cette pêche qui est devenue plus industrielle et qui a dévasté la ressource. Cela se passait en 1962-1963, on a ensuite brulé les barques à Collioure en 68, elles étaient devenues inutiles et pourrissaient sur la plage. La flotte de Collioure a ainsi disparu dans les flammes ou vendues en Espagne, « lamparos » compris… Actuellement, le DOMINICAIN est le seul survivant des « lamparos de Collioure… c’est pour cela que nous lui apportons tant de soins.

Le Dominicain a été construit par le Chantier STENTO à Sète en 1956 pour cette pêche, pour Louis BALOFFI, dit « P’tit Louis » ou « Tit ».Il est encore en vie et a 92 ans! Son ancien bateau aura 58 ans, c’est un grand âge pour un lamparo, surtout quand on est le dernier…

A Canet-plage, l’été, les associations du patrimoine Maritime organisent pour les touristes des simulacres de pêche au lamparo, cela a beaucoup de succès, mais c’est tellement artificiel…

A Collioure, pour les journées du Patrimoine, en Septembre, nous exposons nos filets et notre antique « lamparo » amarré au qui avec son feu sur le quai, ils sont tous deux tellement précieux… Cela permet aux vieux pêcheurs du « Sénat » d’expliquer leurs exploits, avec force gestes et exclamations. Leur succès est toujours aussi grand. » Novembre 2013.