File:Corset C. P. à la Sirène, Paris.png

FAUT-IL METTRE DES CORSETS à nos fillettes ? demandait, ces jours-ci, à ses lecteurs médecins une grave revue médicale. Et, avec la grande majorité des consultés, l'un des plus éminents professeurs à la Faculté répondait : « Oui, certainement, car la fillette ne portant pas de corset devra nécessairement faire supporter par ses épaules seules toute la fatigue et la gêne du poids de ses vêtements, et sera prédisposée ainsi à courber le haut du buste. Résultat : dos rond, épaules non dégagées et mauvaise tenue, cela d'autant plus inévitable que le buste ne trouvera pas d'appui par derrière à la hauteur des reins. » Alors, dira-t-on, que doit être un bon corset de fillette, et quelles qualités devra-t-il réunir ? » Le corset de la fillette doit essentiellement être souple ; il doit laisser libre le haut du buste jusqu'au-dessous des côtes et de l'épigastre, afin que laçage thoracique puisse prendre toute son ampleur ; le baleinage sera flexible et placé de manière à éviter toute compression à l'endroit si sensible des épines iliaques ; le dos doit soutenir plus fermement que le devant ; mais il ne faut pas en exagérer la hauteur ; surtout il doit être sans attaches avec ou sur les épaules. Le corset idéal de la fillette dessine à peine la taille, juste assez pour y arrêter les sous-vêtements, il est aussi très enveloppant du bas pour contenir les reins à la façon d'une ceinture de gymnastique. Appuyé sur cette assise solide, le buste se redressera de lui-même. Quoique l'abdomen soit suffisamment recouvert pour garantir du froid cette partie du corps, le corset devra néanmoins laisser toute liberté aux mouvements des cuisses. Enfin, comme corollaire, il se fera en tissu choisi, tout à la fois souple, chaud, légèrement ajouré pour permettre l'évaporation, et doué d'extensibilité à condition qu'elle soit limitée. » Voilà donc résolue une question primordiale : la nécessité pour la fillette de porter un corset dès sa dixième année sous la réserve, toutefois, que l'hygiène y trouve son compte, autant, plus même, que l'esthétique. Il est attristant, en effet, ou tout au moins singulier que seul le corset de la femme adulte ait jusqu'ici bénéficié de l'éducation physiologique, que nos médecins hygiénistes ont entreprise depuis quelques années. Alors que les corse tiers se soumettaient à leurs justes récriminations, que, sur leurs conseils, ils amélioraient sans cesse le corset de la femme, et qu'enfin, sans difficultés, sans heurts, ils associaient en lui le respect, le maintien, le développement de la forme aux strictes exigences de fragiles santés, le corset de la fillette restait inexplicablement à l'écart de cette heureuse évolution. Parlons raison avec la haute sommité médicale à qui, dès le début, nous avons laissé la parole : La question du corset de la fillette serait-elle donc si peu importante ? Il suffit, pourtant, de réfléchir aux conséquences inhérentes au port d'un mauvais corset, pour ne pas douter, un instant, de l'intérêt considérable de cette question vitale. N'est-ce pas de lui que dépendra trop souvent ce maintien disgracieux, ce bassin qui se porte en avant, ce dos qui se voûte, cette poitrine qui s'étrique sous le harnachement des épaules ? Cependant, elles forment, les pauvres chères petites, la pépinière des générations futures, et comme elles sont déjà la tendresse, le sourire de notre vie, nous voulons, en récompense, les faire belles, saines, adorables ; plus tard, nous voulons que ces mots rares et flatteurs « bien faites » leur soient, à juste titre, légitimement appliqués, nous tenons à éloigner du sentier rosé de leur existence ces accidents, graves souvent, dont la cause réside, combien de fois, hélas ! dans une compression inutile de sensibles et délicats organes ; nous exigeons enfin que la jeune fille devenue femme se soit développée triomphante et superbe et que nous la retrouvions joyeuse et florissante dans les allures crânes de nos petits enfants. Un éducateur, doublé d'un poète, l'a enseigné avant nous : La jeune fille doit être soutenue, fortifiée, soignée, comme un bon jardinier ferait d'un arbrisseau sur lequel il aurait placé la fleur de ses plus chères espérances. Malgré cela, il semble que toute l'ambition des fabricants de corsets pour fillettes, que toute leur initiative se soit limitée à faire toujours meilleur marché, considérant comme quantité négligeable l'amélioration, l'innovation capables de les déranger de leur profonde routine. Le pire, c'est qu'entraînant avec eux les mamans, celles-ci sesont habituées à placer le corset de leurs fillettes au rang des articles presque indifférents, secondaires, auxquels il est oiseux de mettre le prix nécessaire, à seule fin de l'obtenir parfait au point de vue construction et qualité. Pendant ce temps, on continuera d'entendre cette phrase coutumière dans le langage maternel : « Redresse-toi, tu te tiens en deux ; tu seras bossue plus tard ! » on ne comptera plus les poitrines creuses, prématurément à bout de souffle ; les visages, au lieu de regarder le ciel, selon l'idéaliste symbole, s'inclineront tristement, comme accablés du poids d'une vieillesse précoce. « C'est la fin de la race ! » soupireront les amis du passé. Erreur ! c'est uniquement le règne du mauvais corset ! Heureusement, des maîtres habiles et réputés en l'art du corset, la Société des Etablissements Farcy et Oppenheim, se sont donné la tâche salutaire et féconde de faire pour la fillette ce qu'ils avaient réalisé pour la femme. Suivant les principes énumérés plus haut, ils ont enveloppé de souplesse cette ossature tendre et malléable. Plus de cuirasse rigide écrasant la poitrine et nuisant à son développement normal ; les côtes, la partie supérieure de l'abdomen ; conservent toute liberté et d'agir et de croître ; des baleines merveilleusement souples ménagent la sensibilité ; dans la région dorsale, un maintien insensible représente le tuteur flexible qui suit complaisamment les mouvements de la plante, mais s'oppose à une inclinaison disgracieuse et nuisible ; les épaules, par crainte d'affaissement antisculptural, sont laissées libres et sans attaches. Il n'est pas encore temps de cambrer ou d'allonger la taille, selon les capricieuses volontés de la mode ; pourvu que pantalon et jupons s'immobilisent au point voulu, sans serrage exagéré, le rôle du corset sera provisoirement suffisant. Et sur une large base enveloppant fermement et chaudement les reins, ne gênant pas la marche, ni aucun mouvement, le buste spontanément s'érige sans raideur. Quant aux propriétés de souplesse, de chaleur, d'évaporation, d'élasticité nécessaires, elles ont été réunies à souhait, par les créateurs, à l'aide d'un tissu spécial breveté S. G. D. G. Convaincus d'avoir donné satisfaction aux principes indispensables à la réalisation, sans imperfections, sans critiques, d'un bon corset de fillette, ils nous présentent aujourd'hui deux modèles : l'un pour le premier âge, de dix à treize ans ; l'autre, pour la jeune fille de quatorze à seize ans. Leurs efforts tendant à réagir contre les coutumes et les fausses idées qui avaient présidé jusqu'ici à la confection de ce genre de corsets seront très sûrement appréciés par les mères soucieuses de doter leurs filles d'une saine constitution de gaieté, de bien-être, et désireuses aussi de leur assurer un brillant avenir de jolies femmes bien faites, qu'elles doivent être et qu'elles seront, pour peu que nous l'ayons voulu. Les corsets de fillettes sont en vente en France et à l'Etranger, dans les grands magasins de nouveautés, les spécialités de corsets, etc., sinon, s'adresser à la Société des Etablissements Farcy et Oppenheim, 13, rue des Petits-Hôtels. Exiger la marque C. P. à la Sirène, Paris.

Exiger sur chaque corset le nom des modèles ci=dessus: "Corsets C. P. à la Sirène" FRANCINE ou EVELINE, ainsi que la marque: "Corsets C. P. à la Sirène"