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« À Arles » et non « en Arles »

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Quoi que prétende Abderitestatos, « en Avignon » et « en Arles » ne sont pas des tournures établies, ce ne sont que de stupides fautes de français, fautes d’autant plus stupides qu’elles sont volontaires.

En français, on dit en ou au s’agissant d’un État, pays, province ou autre collectivité territoriale bénéficiant d’une certaine autonomie vis-à-vis du pouvoir central. C’est ainsi qu’on dit « en France », « en Suède », « en Italie », « en Lorraine », « en Bavière », « en Catalogne » ; et qu’on dit « au Portugal », « au Mexique », « au Chili », « au Texas », « au Schleswig-Holstein », « au Manitoba ».

Par contre, on dit à s’agissant d’une ville. On dit « à Paris », « à Lyon », à Strasbourg », « à Londres », « à Berlin ». Il n’existe aucune exception, de sorte que l’on dit à même devant le nom d’une ville commençant par la lettre a : tout le monde dit « à Albi », « à Annecy », « à Annemasse », « à Amsterdam » (Cf. la chanson de Guy Béart), « à Atlanta », etc. ; personne n’aurait l’idée farfelue de dire « en Albi », « en Annecy », « en Annemasse », « en Amsterdam » ou « en Atlanta ». Rien, sinon le snobisme, l’ignorance et la stupidité, ne justifie une exception pour les villes d’Arles et Avignon.

Alors, pourquoi certains persistent-ils à utiliser ces « en Avignon » et « en Arles » ?

Certaines toponymes désignent à la fois une ville et un État (province, région…) : Québec, Luxembourg, Koweït, etc. On dit donc en ou au pour l’État (province, région…) et à pour la ville : lorsqu’on est dans la ville de Montréal, on est à la fois « à Montréal » et « au Québec » (puisqu’on est dans la ville de Montréal et dans la Province du Québec) ; lorsqu’on est dans la ville de Québec, on est à la fois « à Québec » et « au Québec » (puisqu’on est à la fois dans ville et dans la Province).

Jusqu’en 1791, « Avignon » désignait à la fois une ville (dont les limites étaient à peu près celles de la commune actuelle) et un des États pontificaux comprenant, non seulement la ville d’Avignon, mais également quelques communes proches. Pour la période avant 1791, la règle est donc la même que pour Québec ou Luxembourg : « en » pour l’État, « à » pour la ville. Avant 1791, quelqu’un qui se trouvait dans le village de Vedène était à la fois « à Vedène » et « en Avignon » ; quelqu’un qui se trouvait dans la ville d’Avignon était à la fois « à Avignon » et « en Avignon ». Depuis 1791 et l’annexion d’Avignon et du Comtat Venaissin par la France, « Avignon » désigne seulement une ville : l’État ayant disparu, plus personne ne peut donc aujourd’hui se trouver « en Avignon ».

L’habitude étant une seconde nature, après 1791, beaucoup de gens qui disaient plus souvent « en Avignon » que « à Avignon » (tout comme nous disons beaucoup plus souvent « au Québec » ou « au Luxembourg » que « à Québec » et « à Luxembourg ») ont continué de le faire. Et ils ont d’autant plus facilement continué que, à l’époque, la plupart des gens du crû parlaient beaucoup plus le Provençal que le Français, et quand ils parlaient le Français, il le truffaient de provençalismes. Or en provençal, on dit « en Avenioun », aussi bien pour l’État que pour la ville.

Que les locaux aient longtemps continué à utiliser cette tournure est donc compréhensible. Or aujourd’hui, plus personne ou presque à Avignon et alentours, ne continue à utiliser le « en Avignon ». Mais que des Parisiens, des Bretons, des Belges, ou des gens dont le français ne semble pas être la langue maternelle, se soient mis après la Seconde Guerre mondiale à utiliser une tournure fautive que les « locaux » n’emploient quasiment plus est particulièrement ridicule. Et les entendre justifier cette faute de Français en prétendant qu’il s’agirait d’une « tournure établie », qu’il existerait une règle qui l’imposerait (sans pourtant être capables de la citer), que ce serait un usage (alors que le bon usage est celui des gens qui parlent correctement Français, ce prétendu usage n’ayant été que celui de ceux qui, justement, truffaient leur français de provençalismes, et ayant aujourd’hui quasiment disparu) ou autres justifications plus farfelues les unes que les autres, cela est particulièrement grotesque.

En ce qui concerne le « en Arles », il trouve son origine dans le fait que, jusqu’au milieu du Moyen-Âge, « Arles » désignait non seulement la ville d’Arles, mais également le « Royaume d’Arles », correspondant en gros au quart sud-est de la France. Quelqu’un qui se trouvait dans la ville de Valence était donc à la fois « à Valence » et « en Arles » !... Et bien évidemment, après avoir presque disparu comme le « en Avignon », il est reparu après la Seconde Guerre mondiale sous l’effet du snobisme et sous l’influence de la réapparition à la même époque du « en Avignon ».

Pour en ajouter une couche, je rappelle que, jusqu’en 1830, « Alger » désignait non seulement une ville d’Afrique du nord, mais également la Régence d’Alger qui était une province de l’Empire ottoman et qui occupait à peu près le nord de Algérie actuelle. Et nos ancêtres disaient donc « à Alger » pour la ville et « en Alger » pour la Régence d’Alger. Qui, de nos jours, aurait l’idée saugrenue de dire « en Alger » et de justifier cette tournure par je ne sais quel usage ou je ne sais quelle règle, ou de la qualifier de « tournure établie » ?

Et pour en mettre encore une couche, voir le site internet de la ville d’Avignon.

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