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Sézanne (Marne)

Cimetière militaire.

Militaires Français et Tirailleurs Sénégalais.

La dénomination "Tirailleurs Sénégalais" est un terme générique, en réalité les origines des recrues sont diverses: Les BTS, en 1917, sont compôsés de 37% de Mandingues (actuel Mali), 10% de Wolofs (Sénégal), 9% de Toucouleurs (Sénégal et Mali), 5,5% de Mossis (Burkina Faso), et 5% de Djermas et Haoussas (Niger).

Les premières unités coloniales envoyées en France, dès le début septembre 1914, furent les 8e et 12e bataillons de Tirailleurs "Sénégalais" (BTS) qui se trouvaient au Maroc. Trois autres BTS vinrent du Maroc à la mi-septembre, et restèrent sur l'Yser jusqu'à fin novembre 1914. Mi-septembre, deux BTS vinrent d'Algérie. Ils prirent part aux combats à la mi-novembre puis ramenés dans le Midi dans un camp destiné à recevoir les troupes coloniales, peu habituées aux grands froids, pendant l'hiver. Début octobre trois BTS débarquèrent à Marseille, venant d'AOF. Ils furent envoyés à Arras et ramenés à Casablanca, ayant subi de lourdes pertes.

De août 1914 à décembre 1915, les efffectifs venant d'AOF se montaient à presque 35 000 et 3800 pour l'AEF. En 1916, l'AOF, seule, envoya presque 52 000 hommes, et 13 400 en 1917. les lourdes pertes subies conduisirent le gouvernement français à nommer le député du Sénégal, Blaise Diagne, haut commissaire chargé du recrutement des troupes noires.

La mission de Diagne fut parfaitement remplie, puisqu'en 1918, il y eut plus de 63 000 recrues en AOF et presque 18 000 en AEF.

Sur un effectif total d'un peu moins de 182 000 hommes, 157 000 participèrent effectivement aux combats, et 30 000, environs, furent tués.

Les potentialités offensives des combattants d’Afrique subsaharienne, font considérer les troupes noires comme des "troupes de choc" par le haut-commandement. Robert Nivelle, général en chef des Armées du Nord, justifiera l'utilisation des troupes coloniales : « Il faut y aller avec tous moyens et ne pas ménager le sang noir, pour conserver un peu de blanc » écrit-il le 21 janvier 1917. Nivelle persistera le 21 février dans une demande au Ministre de la Guerre, Lyautey : que « le nombre d’unités noires mises à ma disposition soit aussi élevé que possible (tant) pour donner de la puissance à notre effectif (que pour permettre d’épargner dans la mesure du possible du sang français)».

Ainsi, le sacrifice des tirailleurs «sénégalais» lors de l’Offensive du Chemin des Dames suscite de nombreuses controverses et pèse lourdement sur les débats de la Chambre des Députés réunie en Commission secrète le 27 juin 1917. A la tribune, Blaise Diagne (député du Sénégal), retrace les terribles épreuves des BTS lors des assauts à l’aube du 16 avril 1917. « C’est donc à un véritable massacre, sans utilité, hélas ! qu’ils ont été voués par l’inimaginable légèreté de certains généraux» lance-t-il devant ses collègues.

Depuis une loi de 1959, le gel des pensions des vétérans des anciennes colonies faisait dire aux petites gens de Dakar ou Bamako qu'il s'agissait là d'une preuve du "racisme" officiel de la France.

Ce qu'on a appelé la "cristallisation des pensions" à fait que, surtout à partir des années 1970, il ya eut un réel décrochage entre les pensions françaises et africaines.

En 2002, sous la pression du Conseil d'Etat qui juge que le fait de verser des prestations «cristallisées» aux anciens combattants viole la Convention européenne des droits de l’Homme et constitue une discrimination illégale, le montant des pensions "cristallisées" des anciens tirailleurs est revalorisé de 20%.

En 2006, Jacques Chirac assouplira la loi de 1959, mais sans résorber l'ensemble des inégalités: Ainsi, quand un Français touchait 460 euros de pension d'ancien combattant, un Sénégalais en touchait 193, un Algérien 60 et un Vietnamien 38.

Nicolas Sarkozy annoncera une remise à niveau à l'occasion du défilé franco-africain du 14 juillet 2010. Décision qui fera dire à Jean François Bayart, chercheur au CNRS : « C'est sympathique et mieux vaut tard que jamais. Mais pour d'évidentes raisons biologiques, beaucoup de soldats sont aujourd'hui morts. La décision est plus symbolique qu'autre chose et ne fera pas oublier les problèmes autour de l'actuelle politique africaine de la France».

Voir : (Chrétiens d'outre-mer en Europe - Mémoires d'Eglises - Marc Spindler et Annie Lenoble-Bart)

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