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Loudun (Vienne).

Vestiges du donjon cylindrique.

"Au Moyen Age, elle [la ville] était entourée d'une vaste enceinte de 2,5 kilomètres de développement, dont le tracé est conservé dans les actuels boulevards circulaires. Les ingénieurs militaires de Philippe Auguste greffèrent sur cette enceinte, au sud-ouest, une énorme tour-donjon cylindrique qui a été détruite. Connue d'une façon sommaire par des descriptions anciennes, ses premières assises, demeurées en place, ont été mises au jour fortuitement en 1944, puis dégagées systématiquement en 1946, en même temps que sa douve et une portion du mur d'enceinte attenant. Devant la difficulté d'assurer une bonne conservation de ces éléments, le regretté René Crozet a voulu, en collaboration avec Hilaire Bouzon, en faire une étude précise. La tour avait de grandes dimensions : la première assise circulaire ne mesure, en effet, pas moins de 17,30 m. de diamètre, avec une épaisseur de murs atteignant 5,70 m. Formant une défense autonome, dotée d'une puits profond, elle était entourée d'une douve, à contrescarpe maçonnée, de 6 mètres de profondeur et dont la largeur, de 6 mètres à la base, atteignait 8 mètres dans la partie haute ; un pontlevis en assurait le franchissement. La construction était excellente : blocage de silex, avec parement externe et interne en pierres de taille bien appareillées. La salle du sous-sol, haute de 4,50 m., n'était accessible que par un orifice circulaire dans la voûte. L'existence de latrines, aménagées dans l'épaisseur du mur, ainsi que la présence de graffiti laissent à penser que cette pièce obscure a pu servir non seulement de silo, mais éventuellement de cul de basse-fosse. Une description ancienne mentionne que la tour avait quatre étages, comme à Montreuil-Bonnin. On peut approcher assez bien la date de construction. On sait que la reconquête du Poitou a eu lieu en 1204 et que Loudun a été, en 1206, donné en garde au sénéchal d'Anjou et du Maine. Les devis royaux de fortifications, considérés comme établis entre 1205 et 1212, mentionnent les travaux de Loudun, spécifiant qu'ils doivent être exécutés pour partie sur les crédits octroyés pour Montreuil-Bellay. On souhaite le sauvetage des maigres vestiges mis au jour, car ils constituent un intéressant témoin de la politique de constructions militaires que Philippe Auguste poursuivit dans l'Anjou et le Poitou, à, l'instar de la Normandie."

— René Crozet et Hilaire Bouzon, Le donjon cylindrique de Loudun, dans le Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, 4e série, t. XII, 3e trimestre 1973.